SNS 2018-2022 : vers des politiques de santé basées sur les faits ?

A l’heure où un sondage nous apprend que près de 10 % de nos concitoyens pensent que la terre pourrait être plate il est encourageant de lire que les politiques en matière de santé pourraient désormais être guidées par les faits plutôt que par les dogmes ou par les croyances.

La Stratégie nationale de santé 2018-2022 (SNS) récemment adoptée par le gouvernement, s’inscrit  dans cette évolution. On y lit avec intérêt la réorientation vers des modèles de financement incitant à la qualité et à la pertinence des soins, plutôt qu’au productivisme, dogme bien en cours jusqu’alors, trouvant sa traduction dans la T2A et le paiement à l’acte en ville.

On ne peut qu’applaudir le soutien à un management favorable à la qualité de vie au travail. Prenant appui sur les travaux d’un André Gorz, d’une Danièle Linhart ou d’une Marie-Anne Dujarrier?  A voir. Le rameur prendra-t-il bientôt sa revanche  ? Il est trop tôt pour l’affirmer.

Applaudissons également la décision de faciliter l’émergence et la diffusion des organisations innovantes. A la fois par le cadre juridique, c’est le fameux article 51, et par les moyens du FIR et du fonds pour l’innovation du système de santé. Moyens modestes au demeurant. Modestie dont on ne sait si elle tiendra à distance les professionnels de l’effet d’aubaine, ou si au contraire elle facilitera leur action, au détriment de projets plus ambitieux. Prudence.

Des regrets cependant. Rapprocher les actions de prévention à l’école, à l’université, au travail pourrait-être une bonne idée, si la stratégie pour y parvenir et si le pilotage pour la mettre en œuvre étaient décrits. Ce n’est pas le cas. Pas plus qu’on ne sait si la politique de protection maternelle et infantile va être pilotée. Faute de données dans la littérature ? Alors les décideurs publics doivent faire en sorte d’aider les professionnels des soins primaires à les produire.